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Sorti 
Le scénario est très bon mais la mise en scène est ratée (vidéos vieillottes et fenêtrées). Dommage... pour Noël 2002, Ubisoft aura profité de cette exclusivité temporaire pour faire le bonheur d'une console très puissante mais pauvre en hits : la Xbox de Microsoft. Et on peut dire qu'après Halo, Splinter Cell était bel et bien la 2e grosse licence de la machine. Ensuite, ce n'est qu'entre 3 et 7 mois plus tard, qu'Ubisoft aura daigné sortir son jeu phare sur les supports concurrents, à savoir le PC, la PS2 et enfin la GameCube. Ce premier épisode prolifique pour le studio canadien (puisqu'il a été développé à Montréal) a donc créé l'évènement, avec une splendide alternative aux oeuvres d'Hideo Kojima (Metal Gear Solid). Posant un excellent scénario et un gameplay d'infiltration riche en rebondissements et en sueurs froides, j'ai trouvé ce prologue aux aventures de Sam Fisher, à la fois passionnant et bien réalisé.
Si sur la pochette il est inscrit "Tom Clancy", le romancier passé maître dans les apocalypses contemporaines, en réalité le scénario a été écrit par John Thomas Petty, secondé par Clint Hocking. Vu que Tom Clancy n'est pas crédité à la fin, il est à supposé que son nom sert uniquement à promouvoir le jeu car en réalité, il n'a vraisemblablement pas participé au développement. Quant au scénario, il est assez classique, bien que pas dénué d'un certain intérêt, notamment grâce à son approche. Seulement pour un jeu de fin 2002, j'ai trouvé les vidéos assez lamentables. Sorti au Japon en 2001, Metal Gear Solid 2 nous prouvait qu'on n'avait pas besoin de vidéos en images de synthèses pour faire de grandes scènes.
Ici Ubisoft joue la carte de la facilité et nous offre des vidéos digne d'une PSOne. C'est mou, c'est moche, c'est très mal fait et heureusement, ce n'est jamais très long. La preuve avec une intro très inspirée de Mission Impossible (le film) mais aussi bien vilaine comme il faut. Reste que c'est le scénario qui sauve une mise en scène clairement arriérée et dévoilée surtout à base de communications audio et de fichiers texte à trouver.
Qu'on 
Le gameplay est excellent mais souffre de lourdeurs incompréhensibles comme cet agent spécial qui n'est pas foutu de bien viser :( le veuille ou non, Splinter Cell débutera par un didacticiel assez complet. Sympa pour s'initier au maniement de Fisher. Les mouvements de notre héros sont assez étoffés et on retrouvera avec délectation le fameux grand écart entre 2 murs et les cultissimes lunettes tri-globes, avec vision de nuit ou vision infra-rouge. Même si Fisher est capable de faire tout un tas de mouvements, le gameplay a été simplifié au maximum. Soit Sam fait l'action tout seul (comme monter sur une caisse), soit on presse un simple bouton.
Dans certains cas à choix multiples (ou à actions plus complexes), un menu s'ouvrira en haut à droite de l'écran avec au moins une possibilité exécutable. Ce menu, à actions prédéfinies, vous permettra de crocheter une serrure, mener un interrogatoire, passer une caméra-serpent sous une porte avant de l'ouvrir, forcer un garde à vous ouvrir le passage, etc. En tout cas, ça n'empêche pas le gameplay d'être d'une grande richesse et je dirais même que c'est le point fort du titre.
En tant que jeu d'infiltration, on ressent bien la tension qui règne lors des missions, parfois même trop (j'y reviens après). Afin d'être le plus à-même de rester caché aux yeux des ennemis, une jauge de camouflage a été implanté, nous permettant en un instant de savoir si on est invisible à leurs yeux, ou pas. Idem, afin de ne pas alerter l'opposition, on aura la possibilité de transporter les corps afin de ne pas les laisser à vue. Plutôt linéaire, si plusieurs possibilités s'offrent à nous dans l'exécution de la mission, généralement il n'y a qu'un seul chemin pour y accéder. Dernier bon point du jeu, un système de checkpoints évite qu'on refasse tout le niveau en cas de perte, mais sur PC, on conserve un bon vieux système de quick-saves... ma foi encore plus pratique. Et maintenant qu'on a parlé "en bien" du jeu, voyons la longue liste des choses qui ne vont pas.
Si 
Les lunettes tri-globes ont fait la renommée de la série et elles apportent un vrai plus au gameplay sur consoles les checkpoints sont une bonne chose, ils sont parfois trop espacés et revenir en arrière est bien souvent rageant. Ce n'est pas tant le fait de perdre qui est si frustrant, c'est plutôt que si on échoue en début de niveau, il faudra se retaper le mini-briefing et ça devient vite incommodant. Comprenez bien que si on refait 15 fois le même passage, on se farcira 15 fois le briefing. Pire, dès qu'on s'arrête de bouger, l'ordre de mission réapparaît (dans une petite fenêtre en bas de l'écran), nous lançant toujours la même phrase, tant que l'objectif n'est pas atteint. Ça aussi c'est chiant. La progression est donc très lente, l'apprentissage se fait à l'échec et se refaire le même passage plusieurs fois avant d'y arriver, peut vite devenir lassant. Car bien souvent Fisher doit accomplir certaines missions sous certaines conditions. La pire c'est d'être armé et de ne devoir tuer personne. Alors ça sert à quoi de se trimballer des armes ?
En plus, les "headshots" ne sont pas tous concluants. On vise la tête bien comme il faut, et la balle passe à côté, alertant par la même le type visé. Du coup l'alarme sonne et bien souvent on est dans l'obligation de recommencer. Chez Ubisoft on aime bien emmerder le joueur et on sait bien faire notre boulot. Après tout pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Car vous ne me ferez pas avaler qu'un ancien Marines, reconverti en agent spécial, n'est pas foutu de viser correctement... Dans la plupart des cas, pour faire mouche il faudra marquer un temps de pause, le temps qu'il focalise bien la cible. C'est vraiment n'importe quoi !
Bien sûr j'ai gardé le meilleur pour la fin : Sam n'est pas foutu de ramasser les armes ennemies (même lorsqu'il est à court de balles), les ennemis nous détectent de façon parfois anormale ou pas du tout (!) et il faut voir de qu'elle façon s'ouvrent les portes. Notre agent infiltré touche la poignée et hop, la porte s'ouvre toute seule. Mieux encore, elle se referme également toute seule ! Non mais chez Ubisoft, comment le responsable en chef des animations a-t'il pu accepter ça de son équipe ? C'est ridicule, ça n'a ni queue ni tête !
Et 
Le système d'ouverture des portes frise le grand n'importe quoi dans ce jeu... le ponpon, c'est lorsqu'on transporte un corps pour le cacher. Comme les portes se ferment d'elles-mêmes, bonjour les lourdeurs : on descend le type, on chope le cadavre, on dépose le corps devant la porte, on effleure la poignée, la porte s'ouvre, on reprend le cadavre et seulement là on peut passer. Mais on se foutrait pas un peu de nous là ?! Sam n'est donc pas capable d'ouvrir la porte d'une seule main ? Alors oui, je reconnais un grand nombre de qualités au gameplay de Splinter Cell mais excusez-moi du peu, on est encore loin de la précision et de l'expertise d'un Metal Gear Solid...
Techniquement, c'est une véritable prouesse technique que la Xbox nous a offert. Les graphistes d'Ubisoft ont pensés à tout, les détails foisonnent, les textures sont superbes, et sur PC c'est évidemment au moins aussi beau. Tournant sous Unreal Engine 2, le jeu est magnifié même si le PC en a vu d'autres. Maintenant quid des 2 autres versions ? Et bien contre toute attente, la PS2 est évidemment un cran en dessous avec notamment des couleurs plus fades. Quant à la GameCube, elle oscille entre le rendu (vraiment superbe) de la version Xbox et celui plus terne de la PS2. Il n'empêche que même dans le pire des cas, Splinter Cell est un jeu magnifique à certains moments. Seul l'aliasing reste assez prononcé (surtout sur PS2) et persistant, mais on y prêtera que peu cas.
Bien sûr il reste quelques erreurs de jeunesse comme des loadings un peu longs (même sur PC), quelques bugs persistants (la tête d'un gars qui rentre dans un mur) ou parfois une ombre qui fait n'importe quoi (c'est rare mais c'est voyant). Par contre, les décors n'ont rien d'extraordinaires. Enormément d'intérieurs, souvent cloisonnés, beaucoup de coins sombres (afin de se planquer), des bureaux, des ambassades, des couloirs, des parkings... Heureusement certains levels sortent du lot comme la plate-forme pétrolière.
Malgré 
Le jeu est somptueux ! De plus la gestion des éclairages, des ombrages et de la physique, ont de quoi impressionner tout, certains effets demeurent très réussis comme les fumées et l'animation de Sam Fisher est très souple, fluide, bien qu'un peu raide. Mais ce qui m'a le plus bluffé, c'est la gestion absolument démente des éclairages et des ombrages. Si sur PC on est habitué de la chose, c'est bien la première fois que je vois ça sur des consoles aussi vieilles. Pareil pour la physique : des rideaux qui volent au vent, un drapeau, un drap... l'objet bouge de façon réaliste sur notre passage ou lorsqu'on tire à travers. Pour un jeu de 2002, ça m'a impressionné ! Le résultat est donc très convaincant, ce qui dévoile le gros potentiel d'une licence qui n'en est pourtant qu'à ses débuts.
Côté son, Ubisoft s'est payé la voix de Daniel Beretta (le doubleur d'Arnold Schwarzenegger) pour faire celle de Sam Fisher. Une voix qui lui va bien (je trouve) mais on ne pourra pas en dire autant des autres. Lambert, doublé par Antoine Tomé, a par exemple une voix qui ne va pas du tout à fait à son physique. Ceci dit son doublage reste de qualité, ce qu'on ne peut pas dire des autres. Si certains acteurs ont fait correctement leur job, d'autres comme le présentateur télé, semblent bêtement réciter un texte. Avec ça on nous sert des bruitages corrects et des musiques type série TV orientée action.
Je ne reviendrai pas sur le comparatif avec Metal Gear Solid (notamment le premier opus et son magnifique OST) mais je regrette qu'on ait rien de plus épique. C'est un peu mou tout ça. Je regrette aussi que les voix soient si faibles par rapport au reste et que pire, certains bruitages (comme les caméras) soient très forts et très répétitifs. Au bout d'un moment, c'est un peu gonflant. Mais je dirai tout de même que la partie son est sauvée parce qu'on nous offre un doublage tout en français, et qu'il nous évite de lire ces satanés sous-titres. Rien n'est plus pénible que ça, alors on reste finalement indulgent.
Aux
Note
yeux de certains, Splinter Cell est une oeuvre vidéo-ludique, aux yeux des autres c'est un jeu tout juste moyen. Je serai plus nuancé que ces 2 partis opposés en disant qu'on a à faire à un titre avec ses défauts de jeunesse, mais intéressant malgré tout. L'aventure est longue (12 à 15 heures, surtout sur consoles où on ne dispose pas des sauvegardes rapides pour se faciliter la vie) mais cette durée de vie est en partie dû au fait qu'on doit parfois faire, refaire et refaire encore le même passage pour y arriver. Certains apprécieront ce côté intransigeant qui caractérise souvent le genre, d'autres (moins patients) se lasseront très vite. Splinter Cell a aussi pour lui une réalisation graphique étonnante : textures détaillées, souplesse de certaines animations, qualité globale de l'image, rien ne manque.
Bien sûr si on le compare à Metal Gear Solid 2, c'est forcément plus rude. La qualité du scénario et surtout de la mise en scène (ici avec des vidéos indignes d'un jeu de 2002), met un coup au jeu d'Ubisoft. Malgré tout, Splinter Cell aura créé l'événement et rien que pour ça, pour son originalité donc, il mérite notre attention. Il réclame d'être patient et indulgent sur certains détails (un agent secret qui ne sait pas viser, des ouvertures de portes qui ne ressemblent à rien, un seul chemin possible...) mais derrière, il se montre grisant lorsqu'on joue vraiment d'infiltration, avec ce que ça apporte de sueurs froides et de frissons de plaisir. Finalement assez loin des Metal Gear Solid dans son approche de l'infiltration, les 2 écoles se valent mais il faut vraiment que le gameplay et la mise en scène soient améliorées dans les épisodes suivants...
